Robert Badinter… un nom qui évoque immédiatement le combat pour l’abolition de la peine de mort en France. Mais derrière cet homme politique et juriste emblématique, il y a une histoire familiale marquée par la tragédie et la résilience. Son père, Simon Badinter, a joué un rôle essentiel dans sa vie, bien que leur histoire ait été brutalement interrompue par les horreurs de la Seconde Guerre mondiale. Alors, qui était Simon Badinter ? Et comment son parcours a-t-il influencé celui de son fils ?
Un homme venu de loin
Simon Badinter, né le 20 septembre 1895 en Moldavie (dans ce qu’on appelait alors le Yiddishland), était issu d’une famille juive de Bessarabie, une région de l’Empire russe. Comme beaucoup à l’époque, il a fui les pogroms et les persécutions antisémites pour chercher une vie meilleure en France. En 1919, il s’installe à Paris, où il commence à reconstruire sa vie.
Simon était un homme travailleur et déterminé. Il devient commerçant et s’installe avec sa famille dans le 16e arrondissement de Paris. Mais derrière cette façade de stabilité, il portait en lui les souvenirs d’un passé difficile… un passé qu’il espérait laisser derrière lui en offrant à ses enfants une vie meilleure.
Une famille unie, mais confrontée à la guerre
Robert Badinter est né le 30 mars 1928 à Paris, dans une famille où l’éducation et les valeurs étaient primordiales. Simon et sa femme, Charlotte Rosenberg, ont élevé leurs enfants avec un profond respect pour la culture et les traditions juives. Mais leur vie paisible a été bouleversée par l’arrivée de la Seconde Guerre mondiale.
En 1940, lorsque les nazis occupent Paris, la famille Badinter est contrainte de fuir. Ils trouvent refuge à Lyon, espérant échapper aux rafles et à la persécution. Mais en 1943, Simon Badinter est arrêté lors de la rafle de la rue Sainte-Catherine, orchestrée par la Gestapo. Ce jour-là, 86 personnes juives sont arrêtées… parmi elles, Simon. Il est déporté au camp de Sobibor, où il est assassiné peu après son arrivée.
Un héritage marqué par la douleur
La perte de son père a profondément marqué Robert Badinter. À seulement 14 ans, il est confronté à une tragédie inimaginable. Cette expérience, bien qu’elle ait laissé des cicatrices indélébiles, a également forgé sa détermination à lutter contre l’injustice et la barbarie.
Dans ses écrits et ses discours, Robert évoque rarement son père… peut-être parce que la douleur est trop grande. Mais son combat pour les droits humains, pour la dignité et contre la peine de mort, porte l’empreinte de cette perte. Simon Badinter, bien qu’absent, reste une figure centrale dans la vie de son fils.
Robert Badinter : un homme de justice
Robert Badinter, juriste, avocat et homme politique, est surtout connu pour son rôle dans l’abolition de la peine de mort en France en 1981. Mais derrière ses succès publics, il y a une histoire personnelle qui donne du sens à son engagement.
Un parcours exceptionnel
Après des études de droit à Paris et à Columbia University, Robert Badinter devient avocat en 1951. Il se fait rapidement remarquer pour son intelligence et sa passion pour la justice. En 1972, il commence son combat contre la peine de mort après avoir assisté à l’exécution de Roger Bontems, un événement qui le bouleverse profondément.
En tant que ministre de la Justice sous François Mitterrand, il présente la loi abolissant la peine de mort devant le Parlement. Ce moment historique est l’aboutissement d’années de lutte… une lutte qui, à bien des égards, trouve ses racines dans l’histoire de son père.
Un hommage à Simon Badinter
En 2024, Lyon a rendu hommage à Robert Badinter et à son père Simon, dans la rue où ce dernier a été arrêté par la Gestapo. Cet événement, chargé d’émotion, rappelle l’importance de la mémoire et du devoir de transmission. « Les morts nous écoutent… », a déclaré Richard Zelmati, président du Crif Auvergne-Rhône-Alpes, lors de la cérémonie. Ces mots résonnent comme un appel à ne jamais oublier les victimes de la barbarie.
Conclusion
Simon Badinter était bien plus qu’un père pour Robert : il était un modèle de résilience et de courage. Bien que leur histoire ait été brutalement interrompue, son influence continue de se faire sentir dans les combats de son fils. Aujourd’hui, en évoquant Simon, on ne peut s’empêcher de penser à l’importance de la mémoire… et à la force de ceux qui, malgré les épreuves, choisissent de lutter pour un monde meilleur.